93,000 €
Important Coran Safavide.
Encre, pigments polychromes et or sur papier, cuir estampé et doré.
Iran Occidental, Chiraz, première moitié du XVIe.
34 x 22 x 6 cm.
Adjugé 75 00 €, soit 93 000 € (frais compris) le 22 février 2025.
Ce beau Coran complet du XVIe siècle, de grande taille et de remarquable qualité, s’ouvre par une double-page de garde ornée de shamsa (médaillons) polychromes enluminés, centrés d’inscriptions en graphie thuluth blanche (dont le verset 88 de la Sourate XVII).
Elle est suivie d’un autre bifolio richement orné et enluminé, contenant la première Sourate al-Fâtiḥa (Le Prologue), inscrite à l’or dans des cartouches centraux polylobés sur fond bleu ciel, eux-mêmes entourés de registres de frises entrelacées formant des mandorles, ornées de fins rinceaux polychromes sur fond or ou cobalt. Les contours des mandorles centrales sont soulignés d’orange, et des motifs de guirlandes évoquant des nuages tchi sont peints en vert.
Sur les folios suivants et tout au long de l’ouvrage, le texte s’inscrit dans des filets d’encadrements polychromes et dorés. Il est réparti sur dix-sept lignes par page, dont la première, la neuvième et la dix-septième sont systématiquement en calligraphie thuluth jeli à l’encre bleue ou dorée, inscrite dans des nuages en réserve sur fond or. Les lignes intermédiaires sont rédigées en écriture naskh noire plus petite, et sont bordées de cartouches verticaux à décor de rinceaux fleuris.
Les titres des Sourates s’inscrivent dans des cartouches enluminés et polychromes en écriture thuluth blanche ou dorée, sur fond bleu ou or. Les vignettes de séparation des versets sont signalées par un sequin doré. Les marges des pages sont également parsemées de vignettes polychromes enluminées.
Le milieu du volume est indiqué par une double-page richement enluminée en polychromie et or, avec le commencement de la Sourate Maryam (Marie, XIX). La double-page finale, tout autant décorée, comporte une oraison finale inscrite dans des cartouches, en écriture thuluth blanche et dorée, sur des fonds or, brun et bleu.
À noter que huit folios – commençant par le verset 13 de la Sourate at-Taghâbun (La Déconvenue, LXIV), et finissant par le verset 20 de la Sourate al-Muzzammil (Celui qui s’enveloppe, LXXIII) – ont été remontés à l’envers.
La reliure (accidentée) de même période et probablement d’origine, est en cuir rouge à rabat, avec sur chaque plat un décor estampé d’une grande mandorle centrale encadrée d’écoinçons, le tout entouré d’une frise de cartouches à motifs de rinceaux. Le décor estampé de rinceaux et palmettes est argenté sur les reliefs (oxydations) et doré sur les fonds. Sur la première partie du rabat recouvrant la tranche, un cartouche calligraphique estampé et doré comporte le verset 79 de la Sourate al-Wâqi’a ou L’Evènement (LVI), « que seul les purifiés touchent ». (Les gardes ont été couvertes postérieurement de papier marbré.)
Ce Coran est un très bel exemple des productions de manuscrits luxueux de la période Safavide. Son grand format, la qualité d’enluminure des pages d’ouverture et des prières finales, et le fait que chacune des pages du corps du texte soit également enluminée, confirment l’importance de ce manuscrit, probablement destiné à un commanditaire de haut rang et montrant la virtuosité des artisans du livre persan à cette période.
Un Coran safavide au décor comparable est conservé au Musée des arts Turcs et Islamiques d’Istanbul sous le numéro d’inventaire TIEM 247. Il est publié dans : Farhad M. & Rettig S. (20116), The Art of the Qur’an, Arthur M. Sackler Gallery, Smithsonian Institution, Washington DC, n°49, pp. 293-295.
Expert : Alexis RENARD